Communiqué
Non à la libération anticipée des militaires responsables du génocide !
L’Assemblée de Citoyens Argentins en France, HIJOS-Paris, le Collectif Mémoire,Vérité,Justice Rhône
Alpes et le Collectif Argentin pour la Mémoire dénoncent la grave décision de la Cour Suprême de
Justice argentine d’octroyer la libération anticipée à Luis Muiña, tortionnaire condamné en 2011 pour
crime contre l’humanité à 13 années de prison.
Voilà déjà plus d’un an que nous dénonçons les reculs des politiques de Mémoire, Vérité et Justice du
gouvernement de Mauricio Macri. Des propos négationnistes concernant le nombre de victimes aux
demandes de prisons à domicile pour les militaires incarcérés, les droits de l’homme sont en net recul
dans notre pays.
Cette semaine un pas supplémentaire a été franchi, après la demande de réconciliation de l’épiscopat
argentin, qui s’est réuni pour parler « sur les événements au cours de la dernière dictature militaire »,
un euphémisme pour désigner le terrorisme d’État. Lors de cette assemblée d’évêques il est question
de « réconciliation » entre victimes et militaires.
Pourquoi ce changement de la Cour Suprême ?
La Cour Suprême de Justice revient sur une loi appelée loi 2×1, stipulant qu’après deux années de
prison, les années supplémentaires passées en préventive étaient considérées double, réduisant
ainsi considérablement les peines. Cette loi a été votée suite à une mutinerie de prisonniers de droit
commun, pour désengorger les prisons surpeuplées et raccourcir les temps judiciaires. Elle a été en
vigueur de 1994 à 2001.
C’est au nom de cette loi, abrogée en 2001, que la Cour Suprême, à contrario des précédentes décisions,
veut raccourcir les peines des militaires. Beaucoup de procès en cours, dans le cadre de crime
contre l’humanité, ont été dilatés par des juges complices qui bloquent les procédures judiciaires. Par
exemple, le procès ESMA a commencé il y a 5 ans. Cela fait un an et demi que les avocats ont présenté
les preuves et les condamnations tardent à venir.
Si le projet de la loi 2X1 s’élargit à tous les tortionnaires condamnés cela signifierait que des assassins
pourraient être libérés tels que Astiz (responsable de la disparition et la mort des soeurs françaises,
Alice Domon et Léonie Duquet entre autres), le tigre Acosta, Mignone, Etchecolatz, Menendez, responsables
de la mort de milliers de personnes.
Gladys Cuervo, une des victimes de Muiña a réagi avec stupeur : « Je ressens une profonde tristesse,
c’est la porte ouverte à l’impunité ». L’ensemble des partis de l’opposition ont exprimé leur désaccord.
Par contre, Claudio Avruj, secrétaire aux Droits de l’Homme du gouvernement soutient la décision de
trois de cinq membres de la Cour Suprême – dont deux proposés au Congrès par Mauricio Macri.
Nous nous joignons aux réclamations des organisations de Droits de l’homme en Argentine pour que
la Cour Suprême annule un projet aussi vil que néfaste pour la démocratie et la justice en Argentine.
Ni oubli, ni pardon, ni réconciliation !
Paris, le 5 mai 2017