Argentine: où est Santiago Maldonado, disparu depuis près d’un mois?
Par Jean-Louis Buchet
Santiago Maldonado. Le nom de ce jeune homme disparu le 1er août dernier après avoir pris part à une manifestation de Mapuches dans le sud de l’Argentine, est sur tous les réseaux sociaux argentins. Pourquoi une telle mobilisation sur les réseaux, rappel des faits.
Santiago Maldonado est un artisan de 28 ans, originaire de Buenos Aires, installé en Patagonie depuis quelques mois. Le 1er août 2017 il a pris part à une manifestation de représentants de la communauté indigène Mapuche qui coupaient une route de la région. On ne l’a plus vu depuis.
Selon deux témoins, il aurait été tabassé puis embarqué dans une camionnette par les gendarmes venus dégager la route, ce que nie la gendarmerie. Dans un premier temps, sa famille et des organisations des droits humains se sont adressés à la justice pour réclamer qu’il soit localisé et libéré, sans que l’affaire ne fasse beaucoup de bruit.
Mais, devant les lenteurs de l’enquête judiciaire et les explications embarrassées de la ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, l’opinion s’est mobilisée à travers les réseaux sociaux. Ces derniers jours, le hashtag # Maldonado a été repris un demi million de fois sur plus de 100.000 comptes Twitter.
Sur ce réseau, ainsi que sur Facebook (avec plusieurs pages dédiées), une campagne a été lancée pour réclamer sa réapparition, la formule la plus usitée étant : « Je suis Untel et je vais bien. Mais je me demande où est Santiago Maldonado ».
Des artistes et dessinateurs y ajoutent des illustrations, que l’on retrouve aussitôt sur les comptes de leurs followers. Des célébrités s’y mettent aussi, donnant plus d’écho à la campagne comme Adolfo Perez Esquivel, prix Nobel de la paix, le rocker Ricardo Mollo ou encore des équipes de football.
Le spectre de la dictature militaire
Au début, la mobilisation a été spontanée. Mais, depuis quelques jours, l’extrême gauche et l’opposition kirchnériste se sont engouffrés dans la brèche. Au-delà de la préoccupation pour le sort de Maldonado et des soupçons concernant la Gendarmerie, ils mettent en cause le gouvernement du président Mauricio Macri, accusé d’être responsable d’une disparition comparable à celles de la dictature militaire des années 70.
Rien à voir en réalité, puisqu’à l’époque il y a eu un plan systématique d’élimination d’opposants décidé au plus haut niveau de l’État (le plan Condor), ce qui n’est évidemment pas le cas aujourd’hui. Mais l’utilisation du terme « disparu » porte encore en Argentine.
Qu’est donc devenu Santiago Maldonado ? On n’en sait rien. L’hypothèse la plus probable est celle d’une bavure des gendarmes que la hiérarchie voudrait cacher. Si c’est le cas, la vérité devrait éclater bientôt. Mais il est sûr que ce vendredi 1er septembre, des dizaines de milliers d’argentins participeront à la manifestation organisée pour marquer le premier mois de sa disparition.
Que nos digan donde está