Ha fallecido Louis Joinet

Ha fallecido un hombre que dedicó su vida a la Justicia, y sobre todo al servicio de los Derechos Humanos. Louis Joinet, Magistrado, fundador del Sindicato de la Magistratura francesa, experto independiente en la ONU durante treinta y tres años, la subcomisión de derechos humanos,  trabajando en la impunidad de los criminales de guerra, las detenciones arbitrarias y las desapariciones forzadas.

LOUIS JOINET  

La asociación ¿Dónde Están ? comunica con profunda tristeza la noticia del fallecimiento de su amigo entrañable, el magistrado francés Louis Joinet, hoy 22 de setiembre de 2019.

Louis Joinet puso su gran lucidez, su inteligencia y su coraje al servicio de la causa de la justicia, de la democracia y de la libertad.

Su compromiso con los uruguayos empezó durante la dictadura, cuando manifestó su solidaridad trabajando para el tribunal Russell de Roma en 1974 y  condujo en 1975 una misión de investigación sobre las condiciones de detención de los presos políticos en Uruguay.

Louis Joinet fue también un luchador indefectible de la causa de los desaparecidos, desde su trabajo para las Naciones Unidas  en la redacción y la promulgación de la Convención sobre las desapariciones forzadas hasta su participación en la Marcha del silencio 2014 en Montevideo, del cual fue nombrado Ciudadano Ilustre.

También participó en todo el trabajo de ¿Dónde Están ?, en Francia, desde su fundación en 1997. Tuvo un papel determinante  en particular en la organización del coloquio de 2003 sobre justicia y desaparecidos en Uruguay y en el coloquio « El derecho de saber » en mayo de 2013 en el Senado francés. 

Su compromiso le valió lo que él consideraba como un honor, las amenazas de muerte del « Comando Barneix » en 2017.

Su muerte es una gran pérdida para todos los defensores de los Derechos Humanos.

Hasta siempre, querido Louis.

Asociación ¿Dónde Están? – Francia

 

LOUIS JOINET

L’association Donde Estan fait part avec beaucoup de tristesse du décès de son grand ami, le magistrat français Louis Joinet, aujourd’hui 22 septembre 2019.

Louis Joinet a mis sa grande lucidité, son intelligence et son courage au service de la justice, de la démocratie et de la liberté.

Son engagement avec les uruguayens a débuté pendant la dictature, lorsqu’il a manifesté sa solidarité en travaillant dans le Tribunal Russell de Rome en 1974 et en conduisant en 1975 une mission d’enquête internationale sur les conditions de détention des prisonniers politiques en Uruguay.

Louis Joinet était aussi un combattant indéfectible de la cause des disparus, depuis son travail au sein de l’ONU dans la rédaction et la promulgation de la Convention sur les  Disparitions forcées jusqu’à sa participation à la Marche du silence de 2014 à Montevideo, dont il fut déclaré Citoyen Illustre.

Il a également participé à tout le travail de Donde Estan en France, depuis sa fondation en 1997.Il a joué un rôle déterminant en particulier dans l’organisation du colloque sur « Justice et disparus » en 2003 et dans le Colloque « Le droit de savoir » en 2013 au Sénat français. 

Son engagement lui a valu ce qu’il considérait comme une marque de reconnaissance, les menaces de mort du « Comando Barneix » en 2017.

Sa mort représente une grande perte pour tous les défenseurs des droits humains.

Hasta siempre, cher Louis.

 

Association Donde Estan

 

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De Mirtha Guianze, ex fiscal de la República

Una gran pena. Hoy dieron la noticia en un grupo de WhatsApp y nos conmovió a todos. 

Un gran hombre, en todos los sentidos, de esos que no se encuentran fácilmente. Un gran jurista, pero sobre todo un ser humano excepcional.

Un abrazo fuerte para todos los compañeros de Donde Están.   Mirtha

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Lauriane Bouvet

Cher grand monsieur Joinet (en français je n’arriverai pas à vous tutoyer), cher père du Syndicat de la Mag, des principes fondateurs de la justice transitionnelle, de la convention et du groupe de travail contre les disparitions forcées, et un largo etc…j’ai tant de respect et d’admiration pour vous que je peine à le dire. Je n’ai pas de héros, vous n’en êtes pas un, vous etes un Juste, un de ceux qui ne partent pas.

Les perles qui tombent sur mes joues et sur le lac de mon enfance pour accompagner votre départ sont bien peu pour traduire quelle tristesse vous emplit quand vos pères et mères soient ils génétiques ou spirituels s’en vont profiter du repos qu’ils ont durement mérité dans la ferveur de la lutte. Malgré tant de grandes oeuvres, ce ne sont pas celles ci que je retiendrai.

Je repense aujourd’hui avec émotion à vos Palabras para Norma, à votre plume acerbe en réponse aux nombreuses menaces dont vous avez fait l’objet de 18 à 80 ans, à votre curiosité et votre impatience avant que ne commence le colloque lors duquel nous nous rencontrions pour la première fois, si urgent était ce pour vous de vous rappeler de votre cher paisito. Je me rappelle des mots inspirants que vous aviez eus lorsque vous signiez les mémoires que vous m’offriez. De votre simplicité alors que je trimballais à un rythme effrené vos 80 années dans ma modeste voiture cabossée. De nos sources de ressources: La Grave où vous passiez votre enfance, les festivals de cirque dont l’évocation emplissait vos yeux d’un émerveillement d’enfant…et tant d’autres détails que je garderai pour moi.

Quelle chance j’ai eue de partager un petit brin de vie avec vous. Alors que vous quittez la vôtre, sachez que vous resterez un pilier dans la mienne.

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  • DISPARITIONS
  • JUSTICE

Louis Joinet, cofondateur

du Syndicat

de la magistrature, est mort

Tout au long de sa carrière comme magistrat, expert à l’ONU et directeur de la CNIL, Louis Joinet s’était attaché à défendre les droits humains.

22 septembre 2019

Louis Joinet, l’un des fondateurs en 1968 du Syndicat de la magistrature (SM), est mort dimanche 22 septembre à l’âge de 85 ans

Né le 26 mai 1934 à Nevers, cet ancien éducateur de rue était sorti major de l’Ecole nationale de la magistrature en 1966. Deux ans plus tard, il cofondait le Syndicat de la magistrature, notamment avec Dominique Charvet, décédé il y a dix ans. Classé à gauche dès sa fondation et accusé d’abriter des « juges rouges », le SM s’engagea dans une réflexion sur le métier de magistrat et les questions de société.

Premier directeur de la CNIL

Louis Joinet a également participé à la création de la loi informatique et libertés, qui donna naissance en 1978 à la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés), dont il fut le premier directeur.

Lire aussi  Quarante ans de Commission nationale de l’informatique et des libertés en trois graphiques

De 1981 à 1993, il conseillera à Matignon cinq premiers ministres de François Mitterrand, puis sera conseiller justice à l’Elysée jusqu’en 1995. Il a été nommé premier avocat général à la Cour de cassation en 1998 et était membre de la Cour de justice de la République. Louis Joinet avait récemment cocréé « l’association des magistrats allergiques aux décorations ».

Expert indépendant à l’ONU pendant trente-trois ans, à la sous-commission des droits de l’homme, le magistrat a notamment travaillé sur l’impunité des criminels de guerre, les détentions arbitraires et les disparitions forcées, tout en parcourant le monde.

Un « épris de justice »

Il continuait à s’engager régulièrement dans les médias en faveur des libertés. En mars, il cosignait dans Le Monde une tribune en faveur d’Italiens ayant trouvé l’asile en France et réclamés aujourd’hui par leur pays d’origine. Dans les années 1970-1980, des centaines d’activistes d’extrême gauche s’étaient réfugiés en France, qui les avait accueillis à condition qu’ils renoncent à la lutte armée.

Fin mai, il avait cosigné une tribune dans Libération appelant à la libération immédiate de l’ancien dirigeant de l’ETA Josu Urrutikoetxea, dit « Josu Ternera », qui venait d’être arrêté en Savoie après seize ans de cavale.

Joueur d’accordéon et passionné de cirque et d’arts de rue, le magistrat a également présidé le Conseil national des arts de la piste et le Festival de théâtre de rue d’Aurillac. Louis Joinet avait publié ses mémoires en 2013 aux éditions de La Découverte, intitulées « Mes raisons d’Etat, mémoires d’un épris de justice ».

Lire notre critique de ses mémoires : Louis Joinet, la liberté et les raisons d’Etat

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TV5MONDE

INFO

Mort de Louis Joinet, un épris de justice

Louis Joinet, chez lui, à Paris en 2011.

Mise à jour 23.09.2019

 par Frantz Vaillant

La grande famille des droits humains est en deuil : Louis Joinet est décédé ce dimanche 22 septembre 2019 à l’âge de 85 ans.  Du Chili à l’Uruguay, de l’Iran à l’Algérie, de Haïti à Paris, ce fin juriste, fondateur du syndicat de la magistrature, n’aura eu de cesse, sa vie durant, que de rendre justice aux victimes de tortures ou de “disparitions forcées”. Son existence toute entière restera un modèle d’engagement humaniste.

Louis Joinet est parti retrouver son ami Stephen Hessel et tous ses compagnons de lutte. Le sage s’est éteint, entouré des siens.

La veille de sa disparition, samedi à l’hôpital, ses enfants se relayaient pour l’accompagner dans le grand voyage, le dernier. En musique. Babette, l’une de ses filles, lui jouait à l’accordéon “Le tourbillon de la vie” et les autres enfants murmuraient les paroles de la chanson.

 On s’est connu, on s’est reconnu
On s’est perdu de vue, on s’est r’perdu d’vue
On s’est retrouvé, on s’est réchauffé
Puis on s’est séparé

Louis Joinet souriait.
L’amour de ses cinq enfants et de ses petits-enfants était son trésor. Il y puisait ses réserves de sourires et de courage. Lors de conversations avec ses amis, il aimait glisser comme ça, l’air de rien, des nouvelles de chacun d’eux et ses yeux alors pétillaient de plaisir.

Sur son lit, Louis Joinet avait les traits détendus. Il semblait serein. Il pouvait l’être. Son travail en faveur des droits humains est son oeuvre.
Et elle est considérable.
 

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Stéphane Hessel et Louis Joinet à Paris, en 2012

Celles et ceux qui ont accompagné Louis Joinet, que ce soit à l’ONU ou parmi les activistes des ONG, savent combien cet homme au sourire malicieux et à l’intelligence généreuse était unique.

Chose rare, jusqu’à ces derniers mois, les années glissaient sur lui comme l’eau sur le rocher. Sans jamais l’atteindre vraiment. Certes, il se déplaçait avec difficulté et les multiples scéances de dialyse l’éreintaient. Mais elles contrariaient à peine sa faim de vie et n’entamaient jamais sa passion des autres. C’est que Louis Joinet avait réussi un exploit, celui d’être un homme âgé sans jamais être un vieux.

A 85 ans, le voici qui tire sa révérence.

 

Mais il faut se pencher sur son existence, aussi tumultueuse que courageuse, pour comprendre combien sa force peut désormais inspirer celles et ceux qui n’ont pas un caillou à la place du cœur.

Louis Joinet avec Shirin Ebadi, première femme à avoir exercé la fonction de juge en Iran et Prix Nobel de la Paix en 2003

À Nevers, Madame Denise, coiffeuse

Né à Nevers en 1934, ce fils d’épicier restera marqué par deux épisodes au cours de son enfance. En 1944, la guerre connait un tournant. Les Allemands continuent de traquer juifs et maquisards. Son père, résistant, lui demande de garder le silence sur les armes planquées dans un coin de la maison. Mais la ville est bientôt soumise à d’intenses bombardements. Et Louis Joinet, jeune scout, se porte volontaire pour déblayer les gravats. Contre toute attente, ces bombardements qui dévastent des quartiers entiers, ne sèment pas la consternation chez ses parents.

“Moi, je n’arrivais pas à comprendre que mes parents souhaitent la venue des Américains qui nous bombardaient. J’avais du mal à comprendre qu’on nous bombarde pour notre bien” dira-t-il avec un solide goût du paradoxe.

Une malheureuse femme, tondue en place publique lors de la Libération (Extrait du film “Un certain Monsieur Joinet) 

Plus traumatisant pour son jeune esprit, le sort que la foule réserve à madame Denise, sa coiffeuse, qui se retrouve rasée en place publique parmi les rires d’une foule surexcitée.
On reproche à la malheureuse d’avoir eu une “aventure” avec un soldat Allemand.

Louis regarde ce déferlement de haine et cette joie méchante avec stupéfaction. “Trente ans après, j’ai donc très vite pris mes distances quand le thème douteux d’une justice “populaire” refit surface en Farnce, jusque chez mes amis de tendance maoïste. Non merci, j’y avais goûté, à cette “justice” expéditive, sans procédure ni confrontation. J’en avais été vacciné en cette journée où Nevers se “lâchait”. écrira-t-il dans “Mes raisons d’Etat” (La découverte éditeur).

Premier éducateur de rue en France

En 1952, il décroche son Bac grâce à un formidable culot lors de l’oral. Le prof n’a pas pensé à vérifier le sujet que Louis a tiré et qu’il a malicieusement glissé dans sa poche.
Le candidat en profite. Il débite d’une traite le seul sujet qu’il sait par coeur !
Son bac en poche, il débarque à Paris en 1952 et voit un jour une affichette “Educateur de rue : pourquoi pas ?”
Oui, pourquoi pas ?
Hubert Flavigny, psychiatre novateur, entend réformer les pratiques sanitaires vis à vis des délinquants.
Pour Louis, c’est une révélation.
Il devient l’un des premiers éducateurs de rue, en prise direct avec les fameux “blousons noirs ” qui sévissent dans la capitale. Il apprend à bien comprendre le cheminement très complexe de ces jeunes que l’on dit perdus. Et qu’il va sauver régulièrement, n’hésitant pas à ouvrir la porte de son domicile pour les héberger. “Je vivais dans la rue avec les bandes, ce qui est une expérience extraordinaire pour un futur magistrat, bien que je ne savais pas encore que je le serai un jour. C’était très violent […] Mais quand vous arrivez à avoir leur confiance, c’est extraordinaire ce qu’on peut arriver à faire. Mais je ne me doutais pas à l’époque, que je m’engagerai plus tard dans la défense des droits de l’homme.”

 

Germaine, l’Algérie et la nuit tragique

Dans un même temps, il devient instituteur et rencontre la femme de sa vie, Germaine.

Germaine Joinet, femme de Louis Joinet, dans les années 50 en Algérie

Elle est médecin. Il est fou amoureux d’elle.

Germaine est son guide et sa lumière.

C’est une personnalité solide. Ensemble, ils vont vivre plusieurs decennies d’engagements, refusant tout deux le confort d’une situation bourgeoise à laquelle, pourtant, ils pourraient prétendre.

Il n’est pas une décision importante qu’il doit prendre sans qu’il la consulte.

Germaine est celle qui lui donnera cinq enfants et qui saura l’empêcher de “prendre la grosse tête” quand viendra l’heure des choix cruciaux.

Torturés avec de la lessive

Les “évènements en Algérie”, comme on dit pudiquement alors,  mobilisent la jeunesse française. Louis Joinet se retrouve à Cherchell, à environ 100 km à l’ouest d’Alger, pour suivre une formation d’officier de réserve.

Mais un jour de mai 1959, dans le cadre d’un “exercice d’embuscade”, vers minuit, a lieu un drame. Louis tire sur un militant du FLN. L’homme s’écroule “J’ai tiré. comme par réflexe de survie. L’homme devant moi s’est écroulé, juste avant de pouvoir viser”.

Louis, au petit matin, doit ramener le corps à sa famille. Sa veuve le regarde “avec ses grand yeux rougis par le deuil dont elle contenait fièrement les larmes devant nous. Ses deux jeunes enfants, que j’avais rendus orphelins, se cramponnaient à sa robe brodée”.

 

Un épisode tragique qui, cinquante ans plus tard, lui faisait monter les larmes aux yeux. Jusqu’à ses dernières semaines de vie, il recherchera en vain cette femme.
Germaine, de son côté,  médecin à l’hôpital de Phillippeville, soigne les personnes torturées à qui l’on a fait boire de force de la lessive.
La guerre et son cortège d’horreurs.

L’affaire Ben Barka

En mars 1961, c’est le retour à Paris.
Il suit des cours du soir d’études de droit. En 1966, il sort major de l’École nationale de la magistrature. Auparavant, il aura suivi l’affaire Mehdi Ben Barka en étant assistant du juge Louis Zollinger, en charge du dossier.
Louis Joinet va de surprises en surprises. “Le code de procédure pénale prévoyait que le parquet, comme la défense, pouvait obtenir copie du dossier de l’instruction. (…) Autrement dit, l’oreille du gouvernement suivait un très léger différé tout ce qui se disait dans le “secret’ du cabinet du juge”.
Ce constat l’amènera à créer le Syndicat de la Magistrature en 1968. Une petite révolution dans le Palais de justice.
L’affaire Ben Barka est la première “disparition forcée” dont il aura la charge.
Disparition forcée  ? Elle se produit “quand une organisation, le plus souvent un État, fait disparaître une ou plusieurs personnes par le meurtre ou la séquestration, tout en niant avoir arrêté la personne ou avoir connaissance d’où elle se trouverait “.

Il donne son nom aux «principes Joinet» de l’ONU contre l’impunité en cas de violation des droits de l’homme.
Louis Joinet se spécialise dans le droit humanitaire de la guerre et plus spécialement des guerres d’indépendance. A l’initiative du Gouvernement de Salvador Allende, il se rend au Chili. “C’était passionnant pour un juriste.  Enfin, un socialiste était élu démocratiquement, de manière incontestable mais il ne pouvait pas changer la loi. La seule loi qui a été votée à l’unanimité était la nationalisation du cuivre. Donc, pendant toute une période, en attendant que l’équilibre démocratique permette une nouvelle évolution politique, il fallait interprêter la loi existante. D’où le rôle des juges ! C’est le juge qui interprête la loi”.

Les dangers de l’informatique

Dans les années 70, l’informatique entre en piste. L’incontestable progrès dont bénéficient les entreprises apporte aussi son lot de questions. Qui protègera la vie privée des citoyens ? Louis Joinet rédige un rapport qui donnera naissance à la Loi informatique et libertés. Il devient ensuite président de la CNIL, la commission nationale de l’informatique et des libertés.
Mais ses prises de position dérangent. Il ose évoquer publiquement les dangers de l’informatique. Le pouvoir le vire brutalement en décembre 1980. L’émotion est immense. Un comité de soutien est crée en sa faveur. La disgrâce ne dure pas. Quand François Mitterand arrive au pouvoir, en mai 1981, il devient conseiller de ses premiers ministres.
 

Louis Joinet et Martine Anstett, juriste internationale et ex directrice de la communication à Amnesty International

Pas d’intégrisme légaliste

Installé dans le coeur nucléaire du pouvoir, il va prendre en charge un certain nombre de dossiers particulièrement sensibles : la cause des homosexuels,  le plateau du Larzac et, en 1988, alors conseiller de Rocard, il va participer aux accords de Matignon qui mettra fin au conflit en Nouvelle-Calédonie.
Louis Joinet, toujours, restait dans l’ombre. Humble. Le succès de la stratégie et la fin des violences l’emportaient sur l’égo. Toujours.

Avec Luis Moreno-Ocampo premier procureur de la Cour pénale internationale.

C’est pourtant grâce à son apport décisif et sa parfaite connaissance du droit que ces situations délicates ont  trouvé un épilogue satisfaisant pour toutes les parties. Quand on évoquait avec lui ces dossiers, il souriait : “J’ai fait ce qui devait l’être. Simplement“.

Louis Joinet prendra en charge également la question basque et la question du terrorisme, notamment avec les anciens militants d’extrême gauche italiens passés en France.

Toute sa vie, avec constance et lucidité, il refusera “l’intégrisme légaliste”, comme il l’expliquera à Isabelle Rimbert, journaliste à 

Louis Joinet en mission pour l’ONU

Libération  “L’application stricte de la loi, qui  est un épouvantable facteur d’immobilisme, voire de régression. La loi, c’est comme l’amour, ça va, ça vient. S’il pressent que la loi évoluera, le juge doit œuvrer pour la légalité future.”

Expert indépendant et bénévole à l’ONU pendant trente-trois ans, à la sous-commission des droits de l’Homme, il n’aura de cesse de parcourir le monde pour rédiger des rapports, dénoncer des violations des droits humains avec une pugnacité impressionnante, jamais prise en défaut.“Je me souviens au Bahreïn, avant que la situation redevienne, hélas, ce qu’elle est de nouveau, on avait réussi à faire libérer la totalité des prisonniers politiques. Il fallu deux ans et demi de négociations. Nous avons fait aussi les premières visites de camps de rééducation en Chine, notamment au Tibet où j’ai des souvenirs terribles de la prison de Lhassa.”
Il n’aura jamais été un notable et pas davantage un homme politique. Tant d’autres autour de lui avaient succombé à la tentation !

Louis Joinet au siège d’une association à Paris en lutte contre les disparitions forcées

 

Norma Scopise

Une histoire le marquera à jamais, celle de Norma Scopise,  une disparue du Plan Condor. “Nous étions en 1976. Rentrant de mission on me demande d’être rapporteur pour un tribunal d’opinion, le tribunal Russel, qui tenait une session sur les pays du Cône Sud et le Brésil , notamment sur l’Uruguay. Je trouve deux témoins exemplaires, que je connaissais de renommée, dont Norma Scopise, une jeune militante Tupamaros dont le mari avait été assassiné devant elle. Elle avait été affreusement torturée et était exilée en Argentine. Je décide de lui demander d’accepter de témoigner. On avait prévu de filmer son témoignage à Paris, de le flouter et d’anonymiser son nom. Après 10 minutes de tournage, elle craque et refuse de continuer. Elle s’isole et revient en nous disant : « Je veux témoigner à visage découvert parce que, sinon, je fais le jeu de la répression ». (…) Et elle a témoigné à visage découvert devant le Tribunal Russel… Il y avait un silence incroyable dans la salle, c’était extraordinaire d’émotion. Je l’ai raccompagnée à son hôtel et je lui ai dit : « Tu as pris un risque énorme. Tu aurais dû m’écouter et ne pas témoigner publiquement. Elle m’a répondu : C’est ma décision ». Quelques mois après, j’appris qu’un soir, elle était dans son appartement, au quatrième étage de son immeuble, quand elle a vu l’armée encercler la maison. Elle a compris que c’était pour l’arrêter et s’est jetée par la fenêtre.”

Son appartement devient le bureau des associations

Toujours au service des autres, il avait transformé son immense appartement de la rue Meslay en bureau des associations. Avec lui, servir n’était pas se servir.

Louis Joinet aimait par dessus tout les arts de la rue. Ils étaient son oxygène, loin des juridictions internationales,  au point d’accepter de devenir, en 2005, président de l’association du Festival de théâtre de rue d’Aurillac. Ce grand ami d’Ariane Mnouchkine jouait volontiers de l’accordéon, son instrument fétiche seul, en famille, pour les amis ou pour célébrer une décision judiaire de premier ordre.

Dans “le tourbillon de la vie”, Louis Joinet aura gardé le cap.

L’humanité vient de perdre l’un de ses plus fidèles représentants mais le ciel gagne une étoile.

 

Frantz Vaillant

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Del Dr. Osvaldo López Goldaracena

Comparto vuestra tristeza. Lo conocí, leyéndolo en pliegos mimeografiados, durante la dictadura. 

Fue un referente académico de quienes, en aquella época, comenzamos a impulsar el Derecho Internacional de los Derechos Humanos en el Uruguay con especial referencia a los crímenes de la dictadura.

Tuve el honor de participar, con él como experto, en NNUU, cuando se elaboró la  Convención de Naciones Unidas contra la Desaparición Forzada de Personas.  Fue maestro, humilde y componedor que ayudó a que el texto de convención recibiera consenso mundial

Mis más sentidas condolencias a todas las personas comprometidas con los derechos humanos.

Dr. Oscar López Goldaracena

De la ex Jueza, Dra. Mariana Mota

Me uno a la tristeza y el dolor por la partida de una persona íntegra, necesaria siempre y fundamental en la construcción de la normativa de derechos humanos que nos permite exigir el cumplimiento de los estados en la debida protección a la vez que orientar sus acciones para la reparación de las gravísimas consecuencias que se derivan de sus acciones ilegítimas. 

Se nos ha ido un referente y un compañero 

El mejor homenaje que le podemos hacer es continuar con su trabajo profundamente humanista 

Abrazo 

Mariana Mota

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Padre de la Justicia transicional

Falleció el prestigioso jurista

Louis Joinet, abanderado de la lucha contra la impunidad

23.09.2019

PARÍS (Uypress) – El destacado jurista francés Louis Joinet, experto en la lucha contra la impunidad y por los derechos humanos, falleció este domingo 22 de setiembre a los 85 años.

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“El Sindicato de la Magistratura [de Francia] está de luto. Louis Joinet, uno de sus fundadores históricos, cuyo compromiso fue perenne, nos ha dejado hoy”, indicó la agrupación en Twitter.

Joinet nació el 26 de mayo de 1934 en Nevers, en el centro de Francia, y en 1968, dos años después de terminar la Escuela Nacional de Magistratura, contribuyó a crear ese sindicato, considerado izquierdista.

Juez de renombre y ex consejero del antiguo presidente francés François Mitterrand, fue conocido en el mundo del derecho por ser uno de los padres de lo que se conoce como la Justicia transicional.

Joinet fue también experto independiente de la ONU durante 33 años, en la subcomisión de Derechos Humanos, centrado principalmente en la impunidad de los criminales de guerra, los arrestos arbitrarios y las desapariciones forzadas.

En 2014 Joinet recibió en nuestro país el reconocimiento por parte del Ministerio de Educación y Cultura y otras instancias gubernamentales, y fue declarado Ciudadano Ilustre de Montevideo por su solidaridad y respaldo como experto en la lucha contra la impunidad y los derechos humanos en general en Uruguay.

Louis Joinet redactó, en 1988, la primera declaración de la ONU contra las desapariciones forzadas. Su larga trayectoria en el área jurídica de los derechos humanos incluye la redacción de los principios contra la impunidad adoptados por la Organización de las Naciones Unidas (ONU), en los cuales se señala que no pueden interponerse recursos de prescripción cuando se trata de delitos contra la humanidad.

El texto de la ONU también indica que ninguna amnistía puede ser acordada a los autores de violaciones de los derechos humanos mientras las víctimas no hayan obtenido justicia y que la obediencia debida no exonera de delito, además de promover el principio de estabilidad de los jueces.

Estos principios, que Joinet explicó en el acto celebrado el miércoles por la noche en el Salón Azul de la Intendencia de Montevideo, fueron parte de un trabajo que buscó ser “el puente sobre la trágica cuestión del pasado reciente para que se alcance la luz”.

La actuación de las fuerzas militares y de seguridad de Francia en el proceso de descolonización de Argelia, donde proliferaron la tortura y la desaparición física de personas, lo marcó profundamente y partir de ahí dedicó su vida al tema, según él mismo explicó.

“En toda mi vida de jurista trabajé contra la manipulación de derechos y su manifestación es la exoneración a los responsables de delitos contra la humanidad y la banalización de los crímenes”, indicó en un acto en nuestra capital en 2014. Definió al terrorismo de Estado como la organización de la represión como si fuera una especie de servicio administrativo estatal.

En esa misma instancia afirmó el derecho a saber el destino de cada detenido desaparecido durante la dictadura cívico-militar (1973-1985), tanto individual como colectivo.

Es bueno recordar un pasaje de la ponencia realizada por Joinet en un coloquio franco  – uruguayo en 2013: “Cuando redactamos el Proyecto de Convención contra las desapariciones forzadas dimos una gran prioridad a la lucha contra el tiempo para que los casos de desapariciones forzadas no se vuelvan eternos, enterrados en el olvido“, explicó Joinet al referirse a una frase del presidente José Mujica que había dicho : “yo voy a morir, todos vamos a morir, dejemos que el tiempo se encargue…“.

Seguramente, que esto lo ha dicho más emocionalmente que en términos jurídicos, por lo cual voy a aportar el elemento jurídico, que es mi oficio. Yo estaría tentado de decirle : “Presidente, yo voy a morir, usted va a morir, lamentablemente todos vamos a morir, pero usted, yo, todos, tendremos descendientes y serán esos herederos quienes seguirán preguntándose : “¿dónde están ?“.

Su libro de memorias, “Mes raisons d’Etat-Mémoires d’un épris de Justice” (Mis razones de Estado. Memorias de un enamorado de la Justicia), publicado por las ediciones La Decouverte en Francia, está dedicado a la uruguaya Norma Scopice, una ex presa política que participó en el Tribunal Russel en 1974 y desapareció en noviembre de 1976 en Argentina.

 

 
 

 

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40 años después de su primer viaje al Uruguay, en el 2014, Louis Joinet es declarado “Ciudadano Ilustre de la ciudad de Montevideo” y es el reencuentro con sus luchas por los Derecho Humanos.

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Una gran pérdida:

Louis Joinet (1934 – 2019)

23 de septiembre de 2019 

Louis Joinet (centro), en la Marcha del Silencio, en Montevideo. / Foto: Sandro Pereyra, archivo 2014.

A los 85 años, falleció ayer el magistrado francés Louis Joinet, fundador del Sindicato de la Magistratura Francesa, uno de los redactores de la Convención Internacional para la Protección de todas las Personas contra las Desapariciones Forzadas, de Naciones Unidas, y autor, en 1997, de los principios del Alto Comisionado de la Naciones Unidas para los Derechos Humanos. Comprometido desde la dictadura cívico-militar con la defensa de los derechos humanos en Uruguay, visitó el país entre el 17 y el 22 de mayo de 2014, fue declarado ciudadano ilustre de Montevideo y participó en la Marcha del Silencio de ese año, lo que le valió, en 2017, integrar la lista de personas amenazadas de muerte por el llamado Comando Barneix. En 2003 y 2013 participó en la organización en Francia de coloquios sobre la justicia y los desaparecidos en Uruguay. Su fallecimiento es considerado por muchos “una gran pérdida para todos los defensores de los derechos humanos”.

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Bonjour à toutes et à tous,

Nous avons la tristesse de vous annoncer le décès de Louis Joinet, haut magistrat, diplomate international, membre du CEDETIM et militant de toujours. Louis est un des co-fondateurs du CICP avec sa femme Germaine, qui nous a quitté elle en 2008 et qui a été une des présidente du Centre pendant plusieurs années. Tant de souvenirs militants et amicaux avec eux, de la Rue de Nanteuil à la Rue Voltaire. 

Nous perdons un ami et un grand homme.

Pour celles et ceux qui voudraient lui rendre un dernier hommage, voici l’information sur la cérémonie :

la cérémonie pour Louis Joinet
aura lieu au crématorium du Père Lachaise
lundi 30 septembre à 15H30
la famille a créé une adresse mail
hommagelouisjoinet@gmail.com

 

Amitiés solidaires,

Sylvain DUEZ

Chargé de projets

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Adieu à notre ami Louis Joinet

L’un des hommes qui a le plus contribué à faire avancer la justice dans le monde vient de nous quitter, Louis Joinet. Il nous laisse un héritage de légalité humaniste et de solidarité démocratique irremplaçable.

Pour nous, Chiliens de l’exil, Louis, ainsi que son épouse Germaine, ont constitué des soutiens inébranlables dans nos luttes pour la liberté et la démocratie. En 2013, notre association l’a déclaré “l’un des nos Justes” en remerciement à son immense solidarité et à l’accompagnement permanent qu’il a su mettre en oeuvre pour nous entourer et pour protéger notre peuple de la terreur dictatoriale.

L’Association d’Ex Prisonniers Politiques Chiliens-France se joint aux nombreuses associations, syndicats et personnalités françaises et internationales pour exprimer à sa famille notre plus profonde tristesse. 

Conseil d’administration de l’Association d’Ex Prisonniers Politiques Chiliens-France 

Paris, le 23 septembre 2019

 

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                             LOUIS JOINET (1934 – 2019)

23/09/2019 

La Asociación de Madres y Familiares de Uruguayos Detenidos Desaparecidos lamenta profundamente el fallecimiento del Magistrado francés Louis Joinet, incansable luchador por los Derechos Humanos, redactor, entre otros, de la Convención Internacional para la Protección de todas las Personas contra las Desapariciones Forzadas.

 

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Hasta siempre Louis

 

 

Louis Joinet 1934-2019

Con mucha tristeza comunicamos el fallecimiento de Louis Joinet,  el 22 de setiembre de 2019. Louis Joinet puso su gran lucidez, su inteligencia y su coraje al servicio de la causa de la justicia, de la democracia y de la libertad. Su muerte es una gran pérdida para todos los defensores de los Derechos Humanos.      

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Louis Joinet

Ante su fallecimiento

23 de Septiembre, 2019
  

 

 
La Institución Nacional de Derechos Humanos y Defensoría del Pueblo expresa su profundo pesar por el fallecimiento del jurista francés Louis Joinet, ayer en Paris.
 

Experto internacional, juez superior ,  consejero de varios Primeros Ministros de Francia y activista inclaudicable,  Louis Joinet jugó un rol preponderante el en desarrollo del derecho internacional de los derechos humanos.

Como experto independiente de las Naciones Unidas durante más de tres décadas su trabajo se enfocó en la lucha contra la impunidad para las más graves violaciones de los derechos humanos y el derecho humanitario así como en  la acción contra las detenciones arbitrarias alrededor del mundo.  También jugó un rol fundamental en la redacción y entrada en vigor de la Convención Internacional para la protección de todas la personas  contra las desapariciones forzadas y en la articulación del Conjunto de principios de la Naciones Unidas para la lucha contra la impunidad (Principios de Joinet).

Joinet fue muy activo en el movimiento de solidaridad contra las dictaduras del Cono Sur de América Latina y tomó parte en diversas iniciativas de apoyo a la lucha por la recuperación de la democracia en nuestro país;  en ese carácter fue miembro del Secretariado Internacional por la Amnistía en Uruguay (SIJAU). Como parte de su trabajo de solidaridad realizó varias misiones a la region, incluyendo   Uruguay para interesarse por la situación de las víctimas de la dictadura. Era Miembro de Honor de la Comisión Internacional de Juristas.

Una vez recuperada la democracia en  nuestro país recibió el reconocimiento de las autoridades gubernamentales y fue declarado Ciudadano Ilustre de Montevideo.

La influencia solidaria y el legado  de Joinet trascienden largamente el ámbito latinoamericano,  habiendo sido un activista por la causa de los derechos humanos en todas las regiones del mundo.  El movimiento global por los derechos humanos ha perdido a  uno de sus padres fundadores.

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De Belela Herrera ex Vice-Canciller del Uruguay

Me sumo con mucho dolor a los DONDE ESTAN ,quienes fueron sus mas intimos compañeros en todos estos años y en su homenaje quisiera compartir con Uds  un recuerdo que quedo grabado en mi memoria

Louis llegó con la llave de Mdeo que le fuera entregada por la Intendenta Ana Olivera.asi que ya era CIUDADANO ILUSTRE!!!apenas arribado me pidió lo acompañara al MEMORIAL DEL DETENIDO DESAPARECIDO EN EL CERRO, recorrió ese espléndido monumento repasando cada nombre hasta que encontró el de NORMA SCOPICE

Allí quedó solo, un rato largo,  frente a la imagen y lo vi de lejos llorando luego quiso ir a visitar a su hija que vive en el Cerro

Estuvo con ella mucho tiempo y cuando salió me comentó que le habia prometido que iba a continuar la búsqueda  de Norma

En toda su estadía  no dejó de reclamar por VERDAD  ,JUSTICIA Y REPARACION!!

FUE UN GRANDE Y LO LLORAMOS, fuerte abrazo  a su familia y a todos Uds!!!

Belela Herrera

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Del Ministerio de Relaciones Exteriores del Uruguay

Comunicado de Prensa Nº 103/19

Fallecimiento del magistrado francés Dr. Louis Joinet

23 de Septiembre, 2019

 

El Gobierno de la República Oriental del Uruguay lamenta profundamente el fallecimiento del magistrado francés Dr. Louis Joinet, destacado activista internacional en la búsqueda de justicia y defensor de los derechos humanos, ocurrido el domingo 22 de setiembre del corriente.

El magistrado Louis Joinet, quien fuera uno de los redactores de la Convención Internacional para la Protección de todas las Personas contra las Desapariciones Forzadas de Naciones Unidas, manifestó su compromiso con las víctimas de la dictadura militar uruguaya en diferentes ocasiones y condujo en 1975 una misión de investigación sobre las condiciones de detención de los presos políticos en Uruguay. Participó en la labor de la organización francesa “¿Dónde están?” desde su fundación, auspiciando asimismo diferentes coloquios sobre los detenidos desaparecidos en Uruguay. En mayo de 2014 fue declarado ciudadano ilustre de Montevideo y participó en la Marcha del Silencio de ese año.

El Gobierno del Uruguay extiende sus más sinceras condolencias y su sentido pésame a su familia y amigos, ante su desaparición física que hoy enluta a la comunidad internacional, por su compromiso y trayectoria en defensa de los derechos humanos.

 

Montevideo, 23 de setiembre de 2019

Fuente: Ministerio de Relaciones Exteriores

Dirección de Prensa

 

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Décès

 

Le Neversois Louis Joinet, cofondateur du

Syndicat de la magistrature

et ancien expert indépendant de l’Onu,

s’est éteint

Haut magistrat, fervent défenseur des droits de l’homme et homme de culture, le Neversois Louis Joinet est décédé, dimanche 22 septembre, à l’âge de 85 ans.

Louis Joinet est parti rejoindre son frère, Maurice, ancien curé de Varennes-Vauzelles, décédé le 12 août 2015. Le Neversois à la carrière internationale s’est éteint dimanche 22 septembre. Il était âgé de 85 ans.

Né le 26 mai 1934 dans l’épicerie familiale Au Provençal, 73 rue du Commerce à Nevers, Louis Joinet a souvent raconté au Journal du Centre ses souvenirs de la libération de Nevers (en 2014 dans la vidéo ci-dessous). Avec disponibilité et une grande affection pour sa ville d’origine. Il avait dix ans. “Je me rappelle d’abord un attroupement, place Carnot”, se livrait-il. “Je me suis précipité pour voir ce qu’il se passait. On tondait une femme sur une estrade. C’était ma coiffeuse, Melle Denise. J’étais traumatisé.”

Il racontait aussi l’entrée des Américains qui jetaient des chewing-gums dans la foule. “Trop heureux d’en avoir un paquet, j’ai couru à la maison pour les partager. Quelle fut ma déception lorsque je me suis rendu compte qu’ils étaient au poivre et au piment !”

Major de sa promotion à l’École de la magistrature

Éducateur de rue pendant sept ans, dans le quartier des Halles, à Paris, puis instituteur, trois ans, en région parisienne, Louis Joinet combat pendant la guerre d’Algérie. À son retour, il entame des études de droit. En 1966, il sort major de sa promotion à l’École de la magistrature et intègre le ministère de la Justice. 

Deux ans plus tard, il cofonde le Syndicat de la magistrature. “Ce que nous, jeunes magistrats, voulions défendre, c’était l’indépendance des magistrats et leur professionnalisme. Nous ne voulions pas qu’ils soient des énarques de la justice”, confiait-il au Journal du Centre en 2014.

Louis Joinet a également participé à la création de la loi informatique et libertés, qui donna naissance en 1978 à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), dont il fut le premier directeur.

Conseiller de cinq Premiers ministres

Il embrasse, dès 1973, une nouvelle carrière à l’Organisation des nations unies (Onu). Expert indépendant, il intervient pendant la guerre froide, la glasnost, la chute du mur de Berlin ou encore le 11 septembre. Élu à la commission des droits de l’homme de 1978 à 2000, l’expert visite 174 prisons et publie de multiples rapports, comme celui sur la lutte contre l’impunité, utilisé dans le monde entier.

De 1981 à 1993, il est conseiller, à Matignon, de Pierre Mauroy, Laurent Fabius, Michel Rocard, Édith Cresson et Pierre Bérégovoy, les cinq Premiers ministres de François Mitterrand, puis est conseiller justice à l’Élysée jusqu’en 1995. En 2003, il achève sa carrière de magistrat comme premier avocat général à la Cour de cassation.

Louis Joinet revenait fréquemment à Nevers, notamment à l’occasion du festival d’arts de la rue les Zaccros d’ma rue. Une véritable passion qui l’a conduit à présider le Centre national des arts du cirque à Châlons-en-Champagne, ainsi que le Festival international de théâtre de rue d’Aurillac jusqu’en 2010.

L’homme était, enfin, un brillant accordéoniste, auteur du Tango de l’Onu, joué après chaque session annuelle pendant douze ans. Une vie riche résumée dans ses mémoires publiées en 2013 aux éditions la Découverte, intitulées Mes raisons d’État, mémoires d’un épris de justice.

Fanny Delaire

 

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Louis Joinet, la muerte de un Justo

Estimadas y estimados compatriotas:

La Embajada de la República Oriental del Uruguay en Francia, tiene el pesar de informarles del triste fallecimiento del Magistrado Louis Joinet, destacado activista internacional en defensa de los derechos humanos e incansable luchador en defensa de las víctimas de la dictadura militar.

Louis Joinet, fue un magistrado francés nacido en Nevers en 1934, que falleció el 22 de setiembre de 2019. Fue nombrado experto independiente sobre derechos Humanos por la Organización de las Naciones Unidas. En esta función fue de los redactores de la Convención Internacional para la Protección de todas las Personas contra las Desapariciones Forzadas de Naciones Unidas, manifestó su compromiso con las víctimas de la dictadura militar uruguaya en diferentes ocasiones y condujo en 1975 una misión de investigación en Uruguay sobre las condiciones de detención de los presos políticos.

Esta embajada invita a todos los compatriotas a participar en la ceremonia de cremación de sus restos que se celebrará el lunes 30 de setiembre a las 15h30 en el cementerio Père Lachaise.

Les hacemos llegar asimismo el comunicado que en este sentido publicó nuestro Ministerio de Relaciones Exteriores:

“El Gobierno de la República Oriental del Uruguay lamenta profundamente el fallecimiento del magistrado francés Dr. Louis Joinet, destacado activista internacional en la búsqueda de justicia y defensor de los derechos humanos, ocurrido el domingo 22 de setiembre del corriente.

El magistrado Louis Joinet, quien fuera uno de los redactores de la Convención Internacional para la Protección de todas las Personas contra las Desapariciones Forzadas de Naciones Unidas, manifestó su compromiso con las víctimas de la dictadura militar uruguaya en diferentes ocasiones y condujo en 1975 una misión de investigación sobre las condiciones de detención de los presos políticos en Uruguay. Participó en la labor de la organización francesa “¿Dónde están?” desde su fundación, auspiciando asimismo diferentes coloquios sobre los detenidos desaparecidos en Uruguay. En mayo de 2014 fue declarado ciudadano ilustre de Montevideo y participó en la Marcha del Silencio de ese año.

El Gobierno del Uruguay extiende sus más sinceras condolencias y su sentido pésame a su familia y amigos, ante su desaparición física que hoy enluta a la comunidad internacional, por su compromiso y trayectoria en defensa de los derechos humanos.”

Aquellos que quieran manifestar su adhesión a la familia pueden escribir al sitio siguiente: hommagelouisjoinet@gmail.com

Atentos saludos,

Embajada del Uruguay

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Louis Joinet: in memoriam (communiqués et hommages)

  • 24 SEPTEMBRE 2019

Communiqué de France Amérique latine

C’est avec une vive émotion que France Amérique Latine fait part du décès d’un soutien indéfectible et grand ami des peuples latino-américains, Louis Joinet, le 22 septembre dernier à l’âge de 85 ans.

Successivement éducateur de rue, magistrat, expert international indépendant, conseiller ministériel, et un long etc, il a surtout été toujours un acteur solidaire, engagé et critique. Louis Joinet a mis sa vie et son intelligence au service de l’émancipation des peuples du monde et a été un fervent combattant des opprimé.e.s latino-américains.

Est-il besoin de rappeler que la trajectoire peu commune de cet « épris de justice » révèle la profondeur de la vocation internationaliste de son combat en faveur des droits des peuples et des droits humains ? 

Depuis ses premières manifestations aux côtés de son épouse pour les prisonniers politiques du Plan Condor, en passant par ses missions pour la Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme /FIDH dans les dictatures du Cône Sud, jusqu’à son investissement en tant que rapporteur sur la situation de l’Uruguay au sein du Tribunal Russell, il a été marqué de manière décisive par l’Amérique latine.

Louis Joinet n’eut alors de cesse de rappeler l’importance des témoins qu’il accompagna alors, tel le député uruguayen Zelmar Michelini et, plus encore, la militante uruguayenne Norma Scopise Couchet, dont le témoignage qu’elle tint à effectuer à visage découvert entraîna, malgré la prudence prise, sa disparition forcée. De cette expérience est né le projet de la convention internationale sur les disparitions forcées que L. Joinet fit adopter dans le cadre onusien en 2006, et qui est devenue un pilier de la justice transitionnelle de par le monde.

Fondateur du SIJAU (Secrétariat International des Juristes pour l’Amnistie [des prisonniers politiques] en Uruguay), organisme clé menant à la transition politique vers la démocratie entre 1980 et 1985 dans ce pays, soutien actif et grand ami de France Amérique Latine, mais aussi de l’association ¿Dónde Están ? – París, et, plus récemment, de l’Observatoire Luz Ibarburu et de l’Institut Français de Justice Transitionnelle, Louis Joinet a diffusé la soif de justice et du droit comme instrument d’émancipation à des générations de militant.e.s, de chercheurs-ses et de juristes.

Menacé de mort dès 1975 en raison de ses engagements en faveur de la libération des prisonniers politiques en Uruguay, il réagissait à ces pressions avec la même ironie espiègle lorsqu’en 2017, alors âgé de 83 ans, il était victime des menaces du « commando Barneix » du fait de son activisme en faveur de la justice pour les crimes du terrorisme d’État.

Au delà de l’Uruguay, Louis et son épouse Germaine, ont constitué des soutiens inébranlables pour les militant.e.s persécuté.e.s et les exilé.e.s politiques, comme cela été le cas des victimes de la dictature du Général Pinochet au Chili.

Merci Louis, nous ne t’oublierons pas!

Bureau National de FAL, Paris, 24 septembre 2019

 

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ANTE EL FALLECIMIENTO DE LOUIS JOINET, UNO DE

LOS PRESIDENTES DE HONOR DEL

OBSERVATORIO LUZ IBARBURU.

Cuando la incorporación al Observatorio de la asociación ¿Dónde Están? de Francia, incluyo la posibilidad de incorporar a su cuadro de honor al Magistrado Louis Joinet, fuimos conscientes de lo que eso significaba para quienes luchábamos contra la impunidad en Uruguay.

Louis Joinet era para quienes transitamos los desafíos de la llamada Justicia transicional, un referente al que siempre acudímos para no naufragar en las “razones de Estado” que se esgrimen para resolver las secuelas del Terrorismo de Estado con impunidad, transformando en una utopía las garantías de no repetición.

Joinet como experto independiente de la ONU durante más de tres décadas en la subcomisión de Derechos Humanos, centrado principalmente en la impunidad de los criminales de guerra, los arrestos arbitrarios y las desapariciones forzadas, nos legó un conjunto de valores y conceptos que constituyeron y constituyen hoy una brújula para las víctimas de las arbitrariedades de los Estados dictatoriales.

Respaldar desde su condición de jurista experto al que le sumaba una clara actitud solidaria, es un atributo nada desechable para quienes pretendíamos incursionar – muchas veces en solitario-, en las intrincadas razones de Estado en las que se escudan los que pregonaban el dar vuelta la página sin haberla leído.

La redacción de la primera declaración de la ONU contra las desapariciones forzadas, los principios contra la impunidad adoptados por la ONU, su extensa trayectoria en el área jurídica de los derechos humanos, fueron el producto de una certera percepción de que la humanidad debía dotarse de herramientas que impidieran la impunidad. Por esa razón señalo con absoluta claridad que no se podían interponerse recursos de prescripción cuando se trata de delitos contra la humanidad.

Joinet, era uno de esos juristas, que llevaron a que muchos uruguayos exiliados en Francia durante la pasada dictadura cívico-militar, descubrieran que existía un pensamiento jurídico que habiendo vivido la experiencia de la actuación de las fuerzas militares y de seguridad de Francia en Argelia, tenían la capacidad técnica, y la humana para entender y condenar sin ambigüedades la tortura y la desaparición física de personas. Francia en Argelia, tenían la capacidad técnica, y la humana para entender y condenar sin ambigüedades la tortura y la desaparición física de personas.

Trabajar contra la manipulación de derechos para asegurar la impunidad, fue sin duda un invalorable aporte de este jurista para la democracia. Cuando Joinet definió al terrorismo de Estado como la organización de la represión como si fuera una especie de servicio administrativo estatal, implico sin duda un acto de valentía intelectual.

Seguramente por ese motivo y por sostener que ninguna amnistía puede ser acordada a los autores de violaciones de los derechos humanos mientras las víctimas no hayan obtenido justicia, fue incluido en la también impune amenaza del llamado Comando Barneix.

Estos principios, que Joinet reitero en el Salón Azul de la Intendencia de Montevideo, fueron seguramente tomados en cuenta por parte de quienes mediante aquella amenaza pretendieron sembrar el miedo y la intimidación. Lástima que no hayan sido tenidas en cuenta también, por quienes desde el sistema político y judicial uruguayo hacen que convivamos con la impunidad.

Por esas razónes, desde el Observatorio Luz Ibarburu rinde homenaje a Luois Joinet,

Fernanda AGUIRRE

Directora

Raúl OLIVERA ALFARO.

Coordinador Ejecutivo

Montevideo. 20/09/2019

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Magistrado alérgico a las

condecoraciones

Louis Joinet (1934 2019).

Ivonne Trías

27 septiembre,2019

Louis Joinet (c) en la Marcha del Silencio de 2014 

Suena el acordeón mientras hijos y nietos cantan bajito, porque están en el hospital, “Le tourbillon de la vie” (la canción de Jules et Jim).1 Joinet sonríe tranquilo. Es su hora de partir y está sereno como alguien que ha vivido muchas vidas, todas suyas, todas plenas. Para entender qué hace de un hombre con tanto título intimidante un ser entrañable, hay que mirar el conjunto.

Louis Joinet nació en 1934 en Nevers (Francia) y vivió hasta el 22 de setiembre de 2019. A los 20 años conoció a quien sería su compañera de vida, la médica y activista Germaine Durif. Juntos viajaron a Argelia en el momento crítico de la guerra de independencia de ese país con la Francia colonialista. Fue una experiencia dolorosa que le dejó a Joinet una larga resaca.

Lo intimidante. Al regresar a Francia en 1961, Joinet ingresó a la Escuela Nacional de la Magistratura, mientras Germaine se especializaba en atención a los toxicómanos y militaba en comités de solidaridad con Palestina y Chile. Comenzó una etapa distinta. Joinet entró como pasante en el despacho del juez Louis Zollinger. Impactado por lo que allí vio, impulsó la creación, en 1968, del sindicato de la magistratura. El joven Joinet empezó a llamar la atención.

En 1976 creó, con otros, el Secretariado Internacional de Juristas por la Amnistía en Uruguay (Sijau). Experto independiente en la comisión de derechos humanos de la Onu, recorrió el mundo trabajando durante más de tres décadas sobre la impunidad de los criminales de guerra, las detenciones arbitrarias y las desapariciones forzadas.

Cuando la informática empezó a ganar terreno, Joinet se alarmó por la desprotección de la vida privada de los ciudadanos. Redactó, entonces, un informe que dio lugar a la ley informática y libertades. Poco después se creó la Comisión Nacional de Informática y Libertades (1978), de la que Joinet fue director. Su insistencia en alertar sobre los peligros del asunto se volvió molesta y lo echaron. Pero al año siguiente, 1980, François Mitterrand ganó las elecciones y Joinet recuperó terreno: fue consejero de cada primer ministro entre 1981 y 1992.

Fue el principal artífice de la Convención Internacional para la Protección de todas las Personas contra la Desaparición Forzada, aprobada por la Onu en 2007 (firmada por Uruguay). Como primer abogado general en la Corte de Casación, Joinet entró en la crema de la jerarquía judicial. Estos son algunos, sólo algunos, de los títulos que Joinet ostentaría si no hubiera sido, como fue, alérgico a las medallas. En 2016 impulsó la creación de la Asociación de Magistrados Alérgicos a las Condecoraciones (Amaad, en francés). “Porque la independencia es, en primer lugar, no esperar nada, rindamos homenaje a la magistratura: retirémosle sus medallas.”

Lo entrañable. Pero el prestigioso jurista fue en su adolescencia un estudiante tramposillo y callejero que valorizó su experiencia al convertirse en educador profesional de calle (1955) y trabajar con jóvenes fuera del sistema de educación; entre ellos, los famosos y temidos blousons noirs parisinos. “Yo vivía en la calle con las bandas. Una experiencia extraordinaria para un futuro magistrado, aunque, por cierto, no sabía que un día llegaría a serlo. Era todo muy violento. Pero cuando se llega a ganar su confianza, es extraordinario lo que se puede llegar a hacer” (TV5).

Tal vez esa experiencia ayudó a moldear –o desmoldear– sus ideas sobre la ley. “La ley es como el amor: va y viene. Y pretender la aplicación estricta de la ley es un espantoso factor de inmovilismo, es decir, de regresión”,2 decía en 2013. Es en esta concepción contraria a lo que llamaba integrismo legalista que el prestigioso jurista se volvió cercano y sus “astucias” –así las llamaba él– para resolver conflictos justo en el límite entre la ley y la ilegalidad se volvieron comprensibles. Sólo a modo de ejemplo vale mencionar una de sus más notables astucias: el caso Larzac.

Larzac es una meseta calcárea del sur de Francia, conocida como el paraíso de las ovejas. A fines de los años sesenta el gobierno diseñó un proyecto para extender un campo militar de 3 mil hectáreas a 17 mil hectáreas. Los campesinos de la zona afectada se resistieron a la expropiación entablando una pelea que duró más de diez años. En ese contexto Joinet urdió un embrollo para complicar al máximo la expulsión de los campesinos. “La gran idea era parcelizar las tierras en 6 mil partes, hacerlas comprar por cientos de militantes que el Estado hubiera tenido que convocar para expropiárselas. Eso nos permitió hacer que la ley fuera imposible de aplicar hasta la llegada de la izquierda al poder. El amor por el derecho da una imaginación increíble”, recuerda con humor en Libération. En efecto, el contencioso terminó con un triunfo de los campesinos cuando Mitterrand abandonó el proyecto.

Ben Barka. Ese amor de Joinet por el derecho bien entendido, es decir, independiente, chocó con el oscuro proceso iniciado tras la desaparición del dirigente marroquí Ben Barka. Figura intelectual y política del movimiento anticolonialista y opositor al rey Hassan II de Marruecos, condenado a muerte por la justicia de su país, Ben Barka fue secuestrado el 29 de octubre de 1965 en París. La primera instrucción judicial fue conducida por el juez Louis Zollinger, secundado por Joinet. El proceso se inició en 1966 y prosiguió sin solución hasta hoy, en vergonzosos capítulos, en los que se esfuman archivos y mueren de pronto testigos y abogados. Pero en 1965 Joinet era un joven pasante que se ocupaba de llevar al procurador copias rigurosas de cada audiencia sobre el caso. Descubrió, entonces, que junto con el procurador esperaban funcionarios de los gabinetes del Interior, Defensa, Relaciones Exteriores… O sea “la oreja del gobierno seguía muy de cerca todo lo que se decía en el ‘secreto’ del gabinete del juez”.

Esa grosera falta de independencia fue la que llevó a Joinet a crear, en 1968, el Sindicato de la Magistratura, que amplificó la voz de los magistrados y fue considerado por la derecha un nido de “jueces rojos”.

LOS AÑOS SETENTA. La casa de los Joinet Durif, a la manera de los salones de la Ilustración, pero con ambiente popular, daba cabida a los encuentros y las conversaciones palpitantes que la hora reclamaba.

Cuenta el escritor Yves Pagès, que en aquellos días era un estudiante libertario amigo de las hijas de Joinet, que en el salón de Germaine y Louis “se hablaba durante horas de ética, de política, de música y de todo el desbarajuste que ocupaba nuestras vidas”. En esos días agitados, “Louis había evitado que los compañeros detenidos en las manifestaciones fueran fichados como ‘anarco‑terroristas’. Al final de la jornada había música por todos lados, Louis con el acordeón, su hijo con la guitarra”.

En casa de los Joinet era frecuente la presencia de refugiados con distintos acentos latinoamericanos. O la de un falsificador anarquista, amigo de militantes uruguayos, que hacía las veces de banquero al servicio de la resistencia de los países sudamericanos o de independentistas vascos, a quien Joinet había salvado de la cárcel porque, en su opinión, la frontera entre la ley y la ilegalidad puede ser borrosa.

Joinet y los uruguayos. Los uruguayos exiliados en Europa, en particular, los sobrevivientes a la represión en Argentina, encontraron junto a Joinet un espacio clave para debatir y desarrollar sus ideas sobre la salida de la dictadura en Uruguay. Con Joinet, Jean‑Louis Weil, Guy Aurenche, Juan Saavedra, Pérez Pacheco; con Leandro Despouy e Hipólito Solari Irigoyen, de Argentina; con los abogados uruguayos Héctor Amilivia y Alejandro Artuccio, y los militantes Jaime Machado y Pila Salaberry, entre otros, se fundó, en 1976, el Secretariado Internacional de Juristas por la Amnistía en Uruguay (Sijau).

El Sijau trató en varios coloquios, entre 1978 y 1983, el tema del estado de excepción en Uruguay y los fundamentos jurídicos de una verdadera apertura democrática. ¿Y cómo debía ser, pues, la amnistía en Uruguay?

Ya las Fuerzas Armadas habían sido deslegitimadas por el plebiscito de 1980 y los políticos oficialistas, por el resultado de las elecciones internas de 1982, de modo que la amnistía no podía ser otra cosa que general, irrestricta e inmediata.

Pero el Partido Nacional y el Partido Colorado tenían otras propuestas, y en todas, con matices, se incluía la noción de reciprocidad (amnistía también para los responsables de delitos de la dictadura). Para la izquierda, nada que incluyera el mutuo perdón era aceptable. Sin embargo, polemizaba con la extensión de la amnistía (a todos los presos o sólo a los presos de conciencia). El Sijau acercó posiciones en una fórmula que incluía a “todos los presos políticos”, con la que casi todos acordaron.3

Quedaba por resolver cuál iba a ser el tratamiento con los militares y los civiles violadores de derechos humanos. Y ese asunto sigue sin resolución varias décadas después. Desde Francia o en sus viajes a Uruguay, Joinet seguía atento a la evolución de la impunidad. Su apego a este país puede apreciarse en su libro de memorias, dedicado a la uruguaya Norma Scópice.4

En mayo de 2013 la Intendencia de Montevideo lo declaró ciudadano ilustre. Un año después, en vísperas de su viaje a Uruguay, un Joinet de 80 años confesó cuánto lo ilusionaba acompañar a los familiares en la marcha del 20 de mayo y “compartir su lucha por la justicia y la verdad”. Se dio el gusto de hacerlo en 2014.

El Ubiquista. Joinet, prestigioso a su pesar, recibió de sus pares diversos motes. Sus investigaciones sobre el dossier Ben Barka y sobre la cárcel secreta de Evin o las prisiones chinas le valieron el apodo de “Maigret de los derechos humanos”. Pero sus colegas de la Corte de Casación lo apodaban Ubiquista, término aplicable a especies animales o vegetales que se adaptan fácilmente a los medios ecológicos más diversos. Parece apropiado para alguien que se sentía como en su casa en todas partes, en los pasillos de la alta magistratura, en el circo o en un comité perdido en el desierto.

El supermagistrado, además de tocar el acordeón, acumulaba otro tipo de títulos. Entre los años 1996 y 2005 fue presidente de la asociación Fuera de los Muros (HorsLesMurs). Presidió el Centro Nacional de Artes de Circo. Y presidió también el Consejo Nacional de Artes de Pista y el Festival de Teatro Callejero de Aurillac.

Lo intimidante y lo entrañable en una sola persona.

  1.   “Mort de Louis Joinet, un épris de justice”, TV5, 23‑IX‑2019.
  2.   “Louis Joinet, le Hessel de la justice”, Libération, 18‑XII‑2013.
  3.   Finalmente hubo amnistía general: la mayoría de los presos salieron el 10 de marzo de 1985 y el resto (63 presos) pasó a la justicia civil, que los dejó en libertad cuatro días después al aplicar el cómputo de tres días por cada día de prisión (fórmula Adela Reta).
  4.             Mes raisons d’état. Mémoires d’un épris de justice(Mis razones de Estado. Memorias de un enamorado de la justicia), Louis Joinet, La Découverte, 2013, París.

 

 

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El Comité de Base del Frente Amplio Jorge Carrozzino de Paris tiene el inmenso pesar de comunicarles el fallecimiento del magistrado francés Louis Joinet el dia  22 de setiembre de 2019.

Louis Joinet : una vida plena de coherencia entre sus principios y su accion de compromiso sin fronteras al servicio de la justicia, de la democracia y de la libertad.

Con el Pueblo Oriental, su compromiso comienza durante la dictadura, cuando manifestó su solidaridad trabajando para el tribunal Russell de Roma en 1974 y  condujo en 1975 una misión de investigación sobre las condiciones de detención de los presos políticos.

Durante décadas, participó en repetidas ocasiones apoyando la asociación  “¿Dónde están?” de París desde su fundación en 1997 y auspicio también varios coloquios (en el 2003, en el 2013 en el senado francés,…) sobre los detenidos desaparecidos en Uruguay.

En mayo de 2014 fue declarado ciudadano ilustre de Montevideo.

La lista de su infatigable trabajo y de sus numerosas misiones es extremadamente larga y transita por varios paises y continentes. 

Entre 1974 y 2007, Louis Joinet participó como  experto independiente sobre derechos Humanos para la Organización de las Naciones Unidas. Desde  esta función colaboró a la redacción  de la “Convención Internacional para la Protección de todas las Personas contra las Desapariciones Forzadas” de dicho organismo.

Su muerte es una gran pérdida para todos los defensores de los Derechos Humanos.

Hasta siempre Louis

Adherimos y nos sumamos al mensaje de condolencias enviado por el Ministerio de Relacions Exteriores de Uruguay, a la reciente declaracion de la asociacion  “¿Dónde Están?” y a la invitacion de  la Embajada de Uruguay en  Paris a participar en la ceremonia de cremación de sus restos que se celebrará el lunes 30 de setiembre a las 15h30 en el cementerio Père Lachaise.

Comité de Base del FA  “Jorge Carrozzino ” – Paris

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Le Collectif ALBA-TCP France s’associe à votre tristesse pour la disparition de Louis Joinet et vous présente ses plus sincères condoléances.

Nous l’avons rencontré dans différentes activités et nous admirons toujours sa lutte inlassable pour les droits humains et pour ne jamais oublier les victimes des différents dictatures des pays du Sud de Notre Amérique. 

Il a inspire la nécessité de rechercher la vérité et la justice face à tant d’abus commis par ceux qui ignorent les valeurs essentielles de l’humanité : la vie des femmes et des hommes et les idées qu’ils partagent.

Au nom du Secrétariat du Collectif ALBA-TCP France

Maigualida Rivas

 

El Colectivo ALBA_TCP Francia se une a vuestra tristeza por la desaparición de vuestro querido Louis Joinet y les presentan sus mas sinceras condolencias. 

Lo conocimos en diferentes actividades y siempre admiramos su incansable lucha por los derechos humanos y por no olvidar jamas las víctimas de las diferentes dictaduras de los países del sur de Nuestra America. 

Inspiro la necesidad de buscar la verdad y la justicia ante tantos abusos cometidos por aquellos que desprecian los valores esenciales de la humanidad : la vida de mujeres y hombres y las ideas que ellos defendían

A nombre del secretariado del Colectivo ALBA-TCP Francia

Maigualida Rivas

 

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El homenaje a Louis Joinet en la ceremonia realizada en el

Cementerio del Père – Lachaise en Paris el 30/9/2019

La corona de flores en nombre de la Asociación ¿Dónde Están? – Francia presente en la emocionante ceremonia del adiós a Louis Joinet y las palabras, de su presidente, la compañera Elena Salgueiro:

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LA CIMADE SALUE LA MÉMOIRE

DE LOUIS JOINET,

UN «ÉPRIS DE JUSTICE»

1 octobre 2019

Magistrat hors norme, défenseur des droits humains internationalement reconnu, un homme chaleureux et généreux épris de justice et d’amour des autres : Louis Joinet était tout ça à la fois. Son extraordinaire parcours de vie a été rappelé le 30 septembre au Père Lachaise par sa famille et ses très nombreux amis de toutes origines venus lui dire adieu et merci. Il est mort le 22 septembre.

Louis Joinet était aussi un ami de La Cimade et sa famille a souhaité que les dons rassemblés à sa mémoire soient partagés entre quelques associations qui lui tenaient à cœur, dont La Cimade.

Il fut l’un des créateurs du Syndicat de la Magistrature et un juriste qui toute sa vie a refusé « l’intégrisme légaliste » qui est, selon ses mots, « un épouvantable facteur d’immobilisme, voire de régression ». Ses premières rencontres de compagnonnage avec La Cimade remontent aux années 1970, à l’arrivée des exilés politiques latino-américains.  Il demande à La Cimade de venir témoigner devant la CNIL , dont il fut président un moment , sur les risques du fichage informatique pour les libertés . Nommé ensuite conseiller justice auprès des premiers ministres de François Mitterand, il ouvre son bureau à Matignon à de nombreuses associations qui lui faisaient confiance , dont La Cimade. Avec sa connaissance du droit et ses talents de conviction il parviendra à faire avancer de nombreux « dossiers sensibles ».

C’est aussi au niveau international que se poursuivront des relations fortes en particulier pour la défense des droits humains , dans le cadre du Tribunal Russel pour l’Amérique Latine, de la Ligue internationale pour les droits et la libération des peuples, et aussi à l’ONU lorsqu’il sera nommé expert indépendant sur les détentions arbitraires et les disparitions. Il est l’auteur d’un rapport qui est devenu LA référence internationale en matière de lutte contre l’impunité des crimes contre l’humanité . Il y énonce trois principes, connus comme les « Principes Joinet » contre l’impunité : vérité, justice et réparation.

Pour avoir eu la chance de le rencontrer souvent avec André Jacques , à Paris, à Genève ou à Santiago, je peux témoigner de la reconnaissance que lui portent des milliers d’hommes et de femmes victimes de violations des droits humains pour qui il a lutté sans relâche avec sa passion pour la justice. Avec son épouse Germaine, compagne de tous ses combats, ils nous laissent  un exemple lumineux d’humanité.

 

Geneviève Jacques, ancienne présidente de La Cimade (2013-2018) et secrétaire générale (1988-1996)

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Louis Joinet, un magistrat engagé

porteur de paix

24 sept. 2019

Par Simone GABORIAU

Le Syndicat de la magistrature est en deuil. Louis Joinet, un de ses fondateurs historiques, dont l’engagement est toujours resté vivace, nous a quittés le 21 septembre ; il demeurera une référence forte pour tous anciens ou plus jeunes.

  • Il aura donc quitté ce monde de plus en plus imprévisible[1], la veille de l’ouverture de l’assemblée générale de l’ONU, organisation auprès de qui il fut pendant 33 ans, expert indépendant à la sous-commission des droits de l’homme. Son parcours remarquable et atypique de juriste au service du développement des normes internationales relatives aux droits humains nous invite à suivre le chemin qu’il a tracé.

Ce fut un pèlerin du droit[2] aux mille vies : magistrat, syndicaliste, spécialiste des questions informatiques et de la protection des données personnelles ( créateur et premier directeur de la CNIL) conseiller justice pendant 14 ans, à Matignon puis à l’Elysée … ; il occupa encore bien d’autres rôles tant institutionnels que fruits d’engagements divers, sans compter tous ces centres d’intérêt hors de la sphère juridique allant de l’accordéon au livre pour enfants en passant par le théâtre de rue. Comme il le disait lui-même[3] il était « reprogrammable » et ne pouvait vivre sans être confronté à des expériences variés

Tant de souvenirs me reviennent. Non pas que je fus « une proche » de lui au sens d’une fréquence forte des rencontres mais je fus « une proche » au sens du partage des idéaux et de certaines expériences, et de la capacité à débattre ensemble, le tout noué grâce au Syndicat de la Magistrature. Louis fut pour moi autant un mythe – un destin sans pareil- qu’une réalité d’engagements communs avec des positionnements qui ont varié selon nos parcours respectifs.

Ayant passé le concours d’entrée à l’école de la magistrature en 1968, j’ai commencé ma scolarité en 1969 et j’ai prêté le serment de magistrat en 1971. J’appartiens donc à la génération « soixante-huitarde » mais je suis entrée dans la carrière quand mes aînés avaient déjà créé le SM.

Ainsi, je fais partie de la première promotion qui suivit la fondation du Syndicat de la Magistrature auquel j’avais très tôt adhéré.

Les premiers magistrats syndiqués, frappés par l’énorme décalage existant entre la réalité judiciaire qu’ils découvraient comme auditeurs de justice ou jeunes magistrats et l’idée – très haute- qu’ils s’étaient faite de la justice avant de la connaître, s’étaient tournés vers la création d’un syndicat – le premier dans la magistrature- comme, « thérapie de groupe d’un grand corps judiciaire malade »[4]. Peu d’années d’exercice professionnel suffisaient au magistrat débutant -mais lucide- des années 1967-1970, pour constater, avec ahurissement, le caractère théorique de la proclamation de « l’indépendance de la justice » ; la liste des dysfonctionnements était longue et je ne tardai pas à partager leur constat. La création du Syndicat de la Magistrature, faut-il le rappeler, provoqua un choc salutaire dans une magistrature habituée au silence et à l’allégeance politique.

Pour moi, « Bébé toque », Louis Joinet de plus de 10 ans mon aîné, alors même que je militais dans un syndicat antihiérachique, représentait le sommet du fonctionnement du SM et m’intimidait. Quand pour la première fois, non sans une certaine émotion, j’ai pris la parole lors du congrès du Syndicat de la Magistrature qui emplissait la première chambre de la Cour d’appel de Paris, Louis Joinet est venu ensuite me voir pour continuer ensemble le développement de mes propos publics ; ainsi, j’ai rapidement compris qu’entre nous le dialogue ne faisait que commencer. Comme lui je considérai CASAMAYOR[5], alors très souvent présent à nos congrès, comme un père spirituel, lui qui disait aux juges « l’attention ne suffit pas il faut aussi l’inquiétude ».

Nous ignorions alors que quelques années plus tard j’allais devenir présidente du SM et lui conseiller justice à Matignon. Dans son livre « Mes raisons d’Etat », il évoque le « basculement de 1981 » et toute la réflexion bouillonnante et interdisciplinaire, notamment avec Michel Foucault et Paul Bouchet qui avait précédé ce moment politique unique. Ainsi écrit-il, les retombées de celle-ci ne purent «  qu’aider le jeune syndicat de la magistrature à ne pas se transformer en syndicat godillot vis-à-vis du pouvoir de gauche. Je dis cela avec une reconnaissance sincère vis-à-vis des équipes qui eurent le courage de ne pas s’aligner sur nous – ceux qui allaient passer massivement « de l’autre côté », celui des cabinets ministériels » Et il fait état de notre courage de n’avoir pas laisser le SM céder aux sirènes du pouvoir.

C’est vrai que nous, le bureau du SM, allions fréquemment le voir dans son bureau de « conseiller » pour lui faire part de nos désaccords sur tels ou tels orientation politiques (droit des étrangers, absence de réforme du statut de la magistrature etc…) désaccords que nous ne manquions jamais de proclamer publiquement (à moins de les avoir résolus, cas excessivement rares).

Et c’est dans la poursuite des combats passés que nous avons continué à faire vivre le syndicalisme judiciaire en lui donnant, en outre, une dimension internationale.

Louis Joinet avait, avec d’autres, noué des contacts avec des magistrats internationalistes, et des survivants de la résistance aux dictatures ; ils avaient contribué ainsi à créer, avec les premières associations de magistrats progressistes, un mouvement européen informel. Cette expérience fut très précieuse lorsque, en 1985, le Syndicat de la Magistrature fut l’un des initiateurs de la formation de la première association de magistrats européens Magistrats Européens pour la Démocratie et les Libertés MEDEL qui, après la chute du mur de Berlin et celle de Milosevic, se développa très largement vers l’Europe de l’Est. MEDEL a eu, ainsi, à faire face aux situations de transition démocratique où s’imposèrent des réflexions sur le rôle majeur que doit jouer l’Institution judiciaire dans la construction de l’Etat de droit démocratique.

Même si les expériences de Louis Joinet en ce domaine (Chili, Argentine, Guatemala etc…) ne furent pas forcément identiques à celles vécus par les nouveaux adhérents de MEDEL, pour nourrir la réflexion était présent l’esprit des « principes Joinet » soit : le droit de savoir, le droit à la justice le droit à la réparation. Cette trilogie de la justice transitionnelle fait partie des acquis forts de l’action de Louis Joinet soucieux de la nécessité de faire barrage à l’impunité, en permettant notamment à la justice de remonter le temps.

J’ai souvent discuté avec lui de la difficulté de ces passages transitionnels où les négociations pour faire advenir la paix font que risquent d’être mises de côté les recherches des responsabilités et culpabilités, ainsi que des condamnations pénales définitives. Il en avait conscience et ne manquait pas d’un prudent et pacifiant pragmatisme mais restait confiant en la force de ses principes dont l’application dans le temps pouvait être étalée. Il revendiquait le refus de « l’intégrisme légaliste »[6] autrement dit : l’application excessive du droit qui conduit à l’injustice et prônait la nécessité d’introduire de la souplesse dans l’application de la loi, plutôt que de s’y arc-bouter.

Ce qui lui tenait particulièrement à cœur, fut d’avoir été l’un des principaux artisans de la Convention internationale contre les disparitions forcées en 2006, qui clôtura ses activités à l’ONU, comblant ainsi le vide juridique dans la répression de ce crime international tant répandu.

Dans toutes ces actions internationales qui permettent à cet homme épris de justice de passer à la postérité, quel fut la part du juge (étant souligné qu’il a mené de front ses activités judiciaires et ses activités bénévoles en tant qu’expert de l’ONU) ?

Il soulignait souvent combien son expérience de juge de l’application des peines lui avait servi pour toutes ses visites de prison dans de nombreux pays (174 lieux de détention visités avec des situations très souvent terribles). Et on peut dire aussi que la sauvegarde de sa qualité « d’expert indépendant » n’était pas sans lien avec sa condition de magistrat tant il lui avait fallu se prémunir contre toutes les tentatives, plus ou moins subtiles, de l’embarquer dans des méandres de connivences et/ou d’échapper à des évolutions de négociations pouvant subrepticement basculer vers la compromission. Sans compter les risques physiques auxquels la fonction l’exposait.

En fin de carrière, il fut nommé premier avocat général à la Cour de cassation, au faîte de la hiérarchie judiciaire ; il fut affecté à une chambre civile ; lui qui s’est toujours attaché à semer le droit dans le monde a trouvé là une activité juridique stimulante -selon ses dires- à l’abri des fureurs du monde.

Son dernier geste de paix fut, au pays basque français, d’accompagner le processus de renoncement à la lutte armée par l’ETA. Ainsi, en avril 2017, en sa présence avec la mobilisation forte de près de 20 000 représentants de la société civile, huit caches d’armes furent révélées et le stock d’armes remis aux autorités.

Ce serait être infidèle à Louis que de ne pas évoquer la création en 2016 l’Association des magistrats allergiques aux décorations (AMAAD), à laquelle j’ai tout de suite adhéré.

Nous qui restons encore vivants, nous n’oublierons ni Louis Joinet ni Germaine, sa femme morte en 2008, militante très active des droits de l’homme, qui était sa conscience.

Dates : – 26 mai 1934 : naissance à Nevers

             – 22 septembre 2019 : mort à Paris

Simone GABORIAU magistrate honoraire, ancienne présidente du Syndicat de la Magistrature, co-fondatrice de MEDEL

[1] Voir https://old.fifdh.org/2017/site/fr/edition-2017/programme/un-etat-des-droits-humains-dans-un-monde-devenu-imprevisible/281410

[2] En hommage à Louis Joinet pèlerin de la justice transitionnelle Les cahiers de la justice   (N° 3), pages 315 à 318 Fabrice Hourquebie, Jean-Louis Gillet et Denis Salas https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-de-la-justice-2015-3-page-315.htm

[3] https://www.franceinter.fr/emissions/la-marche-de-l-histoire/la-marche-de-l-histoire-10-janvier-2014

[4] Mes raisons d’Etat, mémoires d’un épris de justice, Louis Joinet, La Découverte

[5] Casamayor (1911-1988), nom de plume de Serge Fuster, magistrat, ancien résistant, qui fit partie de la délégation française au procès de Nuremberg ; durant sa vie professionnelle, il a su dépasser le conformisme ambiant pour combattre bon nombre d’archaïsmes

[6] https://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=DELIB_002_0081&download=1 CE N’EST QU’UN DÉBUT, CONTINUONS LE COMBAT ! » Entretien avec Louis Joinet, propos recueillis par Matthieu Bonduelle

La Découverte | « Délibérée » 2017/2 N° 2 | pages 81 à 86

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